Chaque Noël, la mode dans « Narnia » fait de moi un homme moins éco-anxieux
- Augustin Bougro
- 6 nov. 2022
- 4 min de lecture
Halloween n’est clairement pas une fête pour moi. Paradoxal pour un fan de Tim Burton, je dois bien l’avouer. Mais comprenez : la dernière fois que j’ai célébré la « Fête des morts », ça remonte à 2017, et c’était chaotique. L’entrée en boîte était gratuite pour les personnes déguisées. Avec un groupe de promo, on se motive, et on donne tout dans le choix du déguisement et du maquillage. Lorsqu’on arrive au point de rendez-vous, c’est le drame : personne n’a joué le jeu. Pire encore, on fait face à des centaines de regards qui nous dévisagent de haut en bas, sourcils levés, comme si sortir costumé le soir d’Halloween était un concept débile que l’on venait d’inventer. De rage, je prends la décision de rebrousser chemin. Depuis, chaque soir d’Halloween, je préfère rester chez moi et lancer « Les Noces Funèbres » sous les lumières tamisées de quelques bougies. Puis, attendre minuit pile pour assister au coup d’envoi des festivités de Noël par Mariah Carey.
Car je dois bien l’admettre, ma fête préférée est, et restera très certainement, Noël. Pas seulement pour le côté magique, ni même pour les illuminations, les marchés, la musique et l’ambiance dans les grands magasins. Ce qui me fascine le plus pendant la période des fêtes de fin d’année, c’est la mode. Chaque automne-hiver, depuis 2005 très exactement, je n’ai qu’une seule envie : envoyer valser mon dressing, et tout remplacer par les vêtements et accessoires portés par les acteur.ices de la saga « Le Monde de Narnia ». Des costumes ultra désirables, qui ont aussi la faculté de faire de moi quelqu'un d'un peu moins éco-anxieux.
Narnia : à la découverte de mon univers (et de mon style)
En 2005, j’ai 9 ans, et je m’apprête à regarder un film qui va (littéralement) changer ma vie : « Le Monde de Narnia », ou « Les Chroniques de Narnia » au Québec. Inspiré par le roman de l'écrivain à succès C. S. Lewis, ce long-métrage signé Andrew Adamson me transporte pour la première fois dans l’esthétique des années 30/40. Le contexte de cette histoire ? Londres est touchée par les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale. Pour leur sécurité, quatre jeunes enfants sont envoyés à la campagne, plus précisément au manoir de Kentwell Hall dans le Suffolk, en Angleterre (un lieu qui existe réellement, et est depuis la sortie du film une zone touristique très fréquentée). Un jour pluvieux, les quatre frères et sœurs décident de jouer à une partie de cache-cache dans cette immense demeure anglaise. C’est alors que Lucy Penvensie, la benjamine du clan, découvre un monde parallèle féérique (au premier abord) caché à l’intérieur d’une armoire.
Tout dans ce film résonne Noël : la neige, les décors, la musique d’Harry Gregson-Williams (qui possède également dans son impressionnant CV des films comme Shrek, Mulan ou encore House of Gucci). C’est notamment grâce à Narnia que j’ai découvert le groupe The Andrews Sisters, trio vocal star du jazz des années 1940, que je lance en boucle chez moi chaque soir après le travail. Autre anecdote : Marlon Brando, le seul et l’unique, devait interpréter le rôle du professeur Digory Kirke, mais l’acteur décéda quelques mois avant de tourner ses scènes.
J’avais été frappé par la beauté de ce film. Son ambiance, ses acteur.ices, son univers, son atmosphère. Je venais, sans m’en rendre compte, de découvrir l’esthétique qui allait me suivre toute ma vie. Quelque chose qui se catégorise entre le vintage, le mystérieux et le chaleureux.
Un film, et une mode qui me fascine depuis presque 20 ans
Du côté des costumes, il y a un truc nostalgique. Un je ne sais quoi de fragile et mélancolique, presque éphémère, qui a le pouvoir de tisser un lien très fort entre le vêtement et moi-même. Un peu comme si j’avais vécu pendant cette période, dans une autre vie, et que le vêtement était un moyen de m’y reconnecter. Bizarrerie ou simple super-pouvoir dont seule la mode a le secret ? Je me rassure en me disant ne pas être le seul à ressentir ce sentiment étrange. Preuve à l’appui avec cette récente publication Instagram de la journaliste Sophie Fontanel :
Alors voilà tout au fond de moi je suis ces enfants, je me délecte de leur élégance. Je suis ces habits dont la pureté me fait baume. Je peux les regarder indéfiniment, hypnotisée. Et moi qui n’ai pas vécu cette époque, c’est quand même comme si je venais de là. Dans le monde entier cela a compté. C’était avant les logos, le tape à l’œil. Mon petit doigt me dit que, parce que justement c’est si anachronique aujourd’hui, cela va revenir. - Sophie Fontanel
Le petit cardigan kaki brodé de Lucy, la jupe tartan soigneusement plissée de Susan, les chaussettes hautes en laine d’Edmund ou le combo chemise-bretelles de Peter…On parle très peu de l’impact mode que ce film a laissé sur les jeunes de ma génération. Et il y en a un, j'en suis sûr. De mon côté, ces habits hébergent dans une partie précieuse et scellée de mon cœur. Mon obsession ultime cette année, par exemple : trouver le gilet sans manches à carreaux d’Eustache, personnage attachant que l’on rencontrera dans le troisième opus, et qui arbore le style vestimentaire que j’ai toujours voulu porter. Ce choix stylistique que l’on voit à l’écran, on le doit à la costumière américaine Isis Mussenden, qui remportait d’ailleurs, en 2006, le prix de la Guilde des créateurs de costumes pour l'excellence.
Ce Noël, pour la première fois, j’ai pris la décision de partir à la conquête de la parfaite tenue de réveillon. Elle sera fortement inspirée des costumes des films, sinon rien. Et surtout : 100% vintage. Le pull brodé, le pantalon en velours, la chemise en lin, les chaussettes hautes en laine…tout sera chiné, récupéré, réutilisé. Pour une question éco-responsable premièrement, mais aussi car la fast fashion ne proposera jamais des vêtements aussi authentiques que ceux projetés à l'écran. Mon programme à venir : des week-ends très longs à scroller Vinted en long, en large et en travers. La seconde main, seul chemin envisageable pour trouver de l'âme dans un textile, une coupe, une couleur.
Si la saga Narnia m’empêchera donc cet hiver d’embrasser un semblant de sociabilité (sorry not sorry), elle me transformera cependant en quelqu’un d’un peu moins éco-anxieux. Voilà à quoi ressemblera ma magie de Noël en 2022.
Par Augustin BOUGRO
Comments