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La robe violette est de retour (et ce n’est clairement pas pour rien)

  • Augustin Bougro
  • 30 mars 2022
  • 3 min de lecture

Il existe un lien fort entre la mode et la culture populaire. Parfois, l’industrie du textile influence l’univers pop, parfois c’est l’inverse. Le constat est plus que palpable depuis la naissance de la série à succès « La chronique des Bridgerton » sur Netflix. À mi-chemin entre le cottagecore et le regencycore, cette série romantico-historique a un pouvoir : faire exploser les recherches sur Google dès qu’un épisode est disponible. Le 25 mars dernier, la deuxième saison tant attendue de « La chronique des Bridgerton » se dévoilait. Résultat : 24 heures seulement après sa sortie, la plateforme Stylight notait un pic d’intérêt et de trafic pour diverses catégories.

  • 31 % d’augmentation des clics sur les ballerines à lacets

  • 34 % d’augmentation des clics sur les robes de soirée violettes

  • Et pas moins de 37 % d’augmentation des clics sur les écharpes en pashmina


Impossible, donc, de passer à côté du succès que remporte la robe violette de Kate Sharma, personnage interprété par l’actrice britannique Simone Ashley qui crève l’écran dans une autre série à succès : « Sex Education ». Il faut dire qu’à 27 ans seulement, elle a tout d’une grande, notamment lorsqu’on parle de mode. En plus d’enchainer les couvertures de magazines, l’actrice d’origine indienne forte d’1 million d’abonnés sur Instagram répondait présente lors de la dernière Fashion Week automne-hiver 2022-2023, et foulait le tapis rouge de l’after party des Oscars dans une robe black and white ultra sexy. Rien que ça.


Le violet dans la pop culture : tout un symbole


Avec les chiffres délivrés par Stylight, on peut naturellement se demander pourquoi la robe violette a autant de succès. Car si les aventures aussi médiatisées de Bridgerton mettent cette couleur en avant, ce n’est peut-être pas anodin.


Dans la culture populaire, le violet a longtemps été l’image de la méchanceté, du mal, du vice. Il suffit de se tourner vers l’industrie du dessin animé, du jeu vidéo ou de la BD pour s’en rendre compte. La sorcière dans La Petite Sirène ? Une peau violette. Waluigi, le rival de Luigi dans le monde de Mario ? Un costume violet. On peut aussi citer l’infâme Smogogo (Pokémon), le vicieux Léon (Monstres & Cie), Maléfique (La Belle au Bois Dormant)…et tant d’autres. Dans cet univers, si ce n’est carrément dans l’imaginaire collectif, le violet va plus loin, quitte à ce qu’une femme qui porte du violet dérange. Au Moyen-Age, cette tonalité est même symbole de deuil, et donc de mort.


Mais dans notre société post-MeToo, le violet reprend des couleurs, ainsi qu’une tout autre symbolique.


Violet : derrière la couleur, le féminisme


Le violet, c’est la sorcellerie, l’intuition, la magie, l’impalpable. Mais c’est aussi, voire surtout, la couleur du féminisme.


Cette nouvelle symbolique, qui cette fois met véritablement cette couleur à l’honneur, on la doit aux suffragettes anglaises dès la fin du XIXème siècle. Le 10 octobre 1903 naît l’organisation féministe « Women’s social and political union » (WSPU) qui lutte pour une approche radicale de l’égalité femme-homme. Les couleurs de sa bannière : le blanc, le vert…et le violet.


Eva Heller, sociologue, explique dans un article du magazine Cheek qu’à cette période, nombreuses étaient les Anglaises à posséder une jupe violette. La couleur devient un symbole de lutte, et se porte aussi bien en jupe qu’en robe ou en tailleur.


Aujourd’hui, cette couleur politique ne perd pas une ride. On la retrouve sur le logo de « La Maison des femmes de Saint-Denis » qui prend en charge des femmes en difficulté ou victimes de violences, mais aussi sur les pancartes du collectif féministe #NousToutes qui lutte, depuis 2018, contre les violences sexistes et sexuelles. En pop culture, et donc ici dans la série des Bridgerton, le violet compte. Surtout que le scénario se déroule en Angleterre, pays dans lequel le dresscode royal est souvent source de superstitions et suppositions, et largement utilisé pour faire passer des messages.

Dans une société post-MeToo, et à l’approche des élections présidentielles qui mettent un terme au mandat d’Emmanuel Macron critiqué par de nombreuses organisations féministes, on réfléchira à deux fois lorsqu’on croisera du violet. Dans la rue, ou au cœur de notre série cocon préférée. Car ce qu'il faut retenir, c'est qu'en mode, tout a toujours un sens.


Par Augustin Bougro



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