top of page

L’inflation, la crise à New York et la chemise à 1 945 dollars de Brad Pitt

  • Augustin Bougro
  • 16 sept. 2022
  • 4 min de lecture

Alors que se payer un sandwich entre midi et deux à New York est en phase de devenir une habitude de riche, Brad Pitt semble bien décidé à étaler les billets.


Depuis peu, toute la mode est en ébullition : un certain Brad Pitt, aussi connu comme étant l’un des hommes les plus influents d’Hollywood, lance sa marque de mode. Un événement qui survient peu de temps après la promotion de « Bullet Train », un long-métrage dévoilé sur les grands écrans le 3 août dernier dans lequel Brad Pitt tient le premier rôle. Depuis, la presse féminine, française et étrangère, décrypte chacune de ses apparitions sur le tapis rouge comme on décortiquerait une crevette. Comprendre : de la tête aux pieds.


Ses choix vestimentaires lors d’événements et cérémonies vont jusqu’à interpeller et fasciner un magazine féminin français, même quand le look en question n’a rien d’exceptionnel. Après tout, est-ce qu’on pourrait vraiment en vouloir à Brad Pitt d’oser les fautes de goût ? Et allons plus loin : que pourrait-on reprocher, finalement, à l’homme de 58 ans le plus hétéro des Etats-Unis lorsqu’il « ose » (accrochez-vous) créer « la surprise dans un ensemble saumon » et s’habiller avec de « la couleur » ?


Eh bien, peut-être sa mauvaise habitude de ne pas lire la presse avant de commencer sa journée. Ou alors, son absence d’Instagram qui l’empêche sûrement de rester dans l’air du temps concernant les envies et besoins des nouvelles générations. Brad Pitt a beau mâcher du chewing-gum devant les flashs des caméras l’air nonchalant (car c’est ce que font les sex symbols), a-t-il le droit d’être fier de son dernier projet ?


Inflation : Brad Pitt lance une marque de luxe pour nous réchauffer cet hiver


En ce moment, aux Etats-Unis, l’inflation persiste et ne semble pas vouloir faiblir, au grand désarroi des économistes qui n’avaient pas vu le coup venir. Cet accroissement excessif des prix est défini par le prestigieux New York Times comme « obstinément élevé ». Grosso modo, la vie se révèle de plus en plus difficile à l’autre bout de l’Atlantique. En sachant qu’il devient de plus en plus compliqué de manger à sa faim et boire à sa soif à New York. Un article choc du New York Times publié le 8 août dernier faisait le tour des réseaux sociaux, dévoilant le prix le plus fou repéré dans la ville pour un sandwich : 18 dollars.


La hausse des prix impacte les produits typiques de New York, comme les cornets de crème glacée des camions Mister Softee et les sandwichs au bacon […] le nombre d'enfants visitant les garde-manger était 55% plus élevé plus tôt cette année qu'avant la pandémie, selon City Harvest, la plus grande organisation de sauvetage alimentaire de New York. - The New York Times

A côté de ça, Brad Pitt, tout juste de retour de la promotion de son film, annonce le lancement de sa marque de mode « God’s True Cashmere » (on passera les détails du melon de l’acteur pour le choix du nom de son label). Le concept : proposer à la vente du prêt-à-porter de luxe spécialisé dans le cachemire. Un projet né main dans la main avec Sat Hari, amie de la star et propriétaire d’une marque de bijoux.



Inutile de mentir, l’idée de départ a l’air intéressante : des vêtements de qualité, fabriqués par des artisans et des fermes éthiques. Une collection responsable puisqu’en édition très limitée afin « d’éviter la surproduction ». Mais en creusant un peu, le projet déprime. Ou dépite, c’est selon.


Le « cachemire de Dieu » signé Brad Pitt : du greenwashing à presque 2 000 dollars pièce ?


Dans le détail, tout déçoit. 14 pièces seulement pour une première collection. Des chemises, un hoodie et un pantalon à cordon parsemés de tartan. De la couleur « peut mieux faire », un style qui laisse à désirer. Mais surtout, des prix affolants : comptez 1 640 dollars pour le produit le plus accessible, et 1 945 dollars pour la chemise unisexe rayée constellée d’ornements holistiques, l’autre passion de Sat Hari, tous sculptés à la main en Inde. Pour vous donner un ordre d’idée : aujourd’hui, le loyer moyen à Manhattan dépasse les 5 000 dollars, obligeant moult habitants à faire des concessions. En France, le prix de la chemise la plus abordable de cette collection équivaut environ au loyer d’un 50m2 à Paris. Pour un homme aussi populaire, on attendait au moins une pièce plus ou moins accessible pensée pour les classes populaires. C'était trop demander.



Sans parler, bien évidemment, de la volonté écoresponsable qui perd tout son sens avec l’édition très limitée. Car qui dit peu de pièces en stock dit attraction du client et achat à foison. Une tactique commerciale vieille comme le monde pour vendre rapidement, vider les stocks, faire des bénéfices et recommencer avec une collection encore plus attrape-fans. Pour les groupies de l’acteur, plus qu’à choisir entre se nourrir…ou remplir les poches de leur idole pour lui permettre, peut-être, d’oser le masculin-féminin sur le prochain tapis rouge. Juste pour rappeler : 31 litres d'eau sont nécessaires pour produire une chemise en cachemire de couleur organique, et presque 110 litres pour un cachemire teint.


On aura vu mieux dans une société marquée par l'urgence climatique. Fort heureusement pour lui, Brad Pitt n'est pas le seul à faire preuve de maladresse en ce moment : on riait très fort à l'annonce du récent partenariat éco-friendly entre Boohoo et Kourtney Kardashian.


Mais thanks god : avec la hausse des prix de l’énergie qui va très clairement frapper notre pays cet hiver, on pourra au moins se réchauffer dans des vêtements de qualité. C’est d’ailleurs tout le propos de Brad Pitt, qui souhaite que l’on porte sa collection « lors d’un dimanche glacial ». C'est chaud.


Comentarios


bottom of page